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21 juillet 2013

Monsieur Lehane, Merci!

paysUn pays à l'aube - Dennis Lehane

 Au lendemain de la première Guerre Mondiale, l’Amérique peine à trouver la paix. La misère est partout. Les ‘Boys’  qui rentrent du combat n’ont plus d’emploi ou alors ils sont occupés par des Noirs, les émeutes raciales se propagent, la grippe espagnole fait des milliers de victimes, et la Révolution Russe à fait des émules qui multiplient les attaques à la bombe. C’est dans ce climat rempli de tensions et de désillusions que nous suivrons parallèlement les histoires de Luther Lawrence, jeune noir, intelligent et  rapide comme l’éclair qui fera les mauvais choix et se retrouvera contraint de fuir la ville de Tulsa. Il abandonne Lila, sa fiancée enceinte de plusieurs mois et finit par échouer à Boston. Là, il est embauché comme domestique par Thomas Coughlin, capitaine de la police de Boston.

C’est alors qu’il croisera la route de Danny Coughlin, jeune flic idéaliste, fils du respectable capitaine. Loin de suivre le chemin tracé par son père, il deviendra l'un des leaders du Boston Social Club, regroupement de policiers qui donne l’alerte sur  la situation dramatique du BPD, le service de police de la ville de Boston qui enregistre des salaires de misère et des conditions de travail dégradantes.

 

Un pays à l’aube, entre directement dans le top 3 de mes œuvres préférées c’est pour dire tout le bien que je pense de ce sublime roman ! Je n’avais jamais lu de Dennis Lehane et croyez-moi je ne suis pas prête de m’arrêter !

L’auteur mêle avec virtuosité l’Histoire de l’Amérique - plus particulièrement celle de la ville de Boston dans ce contexte dramatiquement particulier de l’après guerre - et les histoires de ses protagonistes qui se débattent dans une société remplie de désillusions où la loi du plus fort est la meilleure. C’est  un roman très noir, très dur qui prend au tripes et ne peut laisser indifférent. L’écriture est si qualitative que l’on vibre des mêmes peurs, passions, révoltes et colères que les personnages (je vous assure ils y a certains passages j’étais hors de moi devant tant d’injustice !!!).

Rien n’est à jeter, aucunes lignes des ces 856 pages n’est de trop. L’intrigue est passionnante et son contexte tout autant. Si l’on connaît déjà le triste sort des afro-américains dans l’Amérique  au début du XXème siècle, en revanche celle la police de Boston est bien moins répandue. Il est difficile de croire que fût une époque où les policiers n’étaient récompensés que par le mérite et l’honneur de servir la communauté. Qu’ils vivaient tels des rats, bossant 60 heures par semaine pour des salaires ne leur permettant même pas de nourrir leur famille.

Mais ce n'est pas tout! On vibre au détour d'une partie de base-ball improvisée entre Noirs amateurs et joueurs pro (tous blancs bien évidement) tel que le célèbrissime Babe Ruth, qui apparaîtra telle une respiration tout au long du roman. On infiltre le milieu terroriste, on suffoque durant l'épidémie de grippe espagnole (passage très éprouvant), on lève le poing lors du soulèvement de la police de Boston et on tremble durant les émeutes de la ville... Pfff que d'émotions!!!

Un pays à l’Aube m’a rappelé à quel point il était délicieux de vibrer pendant la lecture d’un roman. Pendant plusieurs semaines j’ai vécu avec ces personnages hauts en couleurs et j’ai rejoins leur combat. Comment sait-on  qu’un roman nous a touché au plus profond de notre âme ? C’est lorsqu’en le refermant vous sentez une vague de tristesse vous envahir, cette sensation douce amère de quitter un quotidien qui était devenu le votre et qui ne le sera plus jamais.

 

"C'était ce qui dérangeait le plus Luther dans l'autre Greenwood : cette musique. Il suffisait d'en entendre quelques mesures pour savoir que c'était celle des Blancs. Chopin, Beethoven, Brahms... Luther les imaginait assis devant leur piano, battant la mesure dans une grande pièce au parquet ciré, éclairée par de hautes fenêtres, pendant que les domestiques circulaient sur la pointe des pieds. C'était de la musique faite par et pour des hommes qui fouettaient leur garçon d'écurie, couchaient avec leurs femmes de chambre et allaient à la chasse le week-end tuer des petits animaux dont ils ne se nourriraient jamais. Des hommes qui aimaient les aboiements des chiens et les brusques envolées du gibier à plumes. Une fois rentrés chez eux, las de ne pas avoir travaillé, ils composaient ou écoutaient ce style de morceaux, tombaient en contemplation devant les portraits d'ancêtres tout aussi vains et futiles qu'eux même puis infligeaient à leur progénitures des sermons sur le bien et le mal'

 

Un pays à l'aube - Dennis Lehane - 856 pages - Rivages/Noir

 

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 Challenge Pavé de l'été

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Commentaires
J
Un roman fleuve magistral, aucun doute la-dessus. Et si tu veux retrouver les personnages, tu peux lancer dans son nouveau roman "Ils vivent la nuit." C'est le petit Joe qui en est le héros.
S
Je suis d'accord avec toi : un très bon livre, rien de trop (enfin si peut-être, car le base-ball, c'est un peu confus pour moi et visiblement, Lehane aime beaucoup !).
B
Bel enthousiasme pour ce roman dont je garde un souvenir fort !<br /> <br /> (et belle réussite au Challenge Pavé de l'été :) !)
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  • "Quand moi je lis, les mots imprimés sur la page remplacent ma voix intérieure et je cesse, l'espace d'un instant, d'être moi, ou du moins d'être si péniblement conscient d'être moi." (Polarama - David Gordon)
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